“Le plus grand superordinateur au monde” d’Elon Musk empoisonne les riverains et provoque des coupures d’électricité
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Colossus est censé être le “système d’entraînement d’IA le plus puissant au monde”, et contribuera au développement de Grok. Mais celui-ci doit être installé dans un hangar de Memphis alimenté par une série de turbines au gaz installées via un flou juridique. Et la région suffoque déjà sous les émissions toxiques.
La course aux IA est lancée, parmi les grandes compagnies technologiques. Elon Musk compte bien la remporter, et pour cela, il veut s’en donner les moyens. Sa société xAI a acquis, l’été dernier, une usine abandonnée au sud de la ville de Memphis, dans l’État du Tennessee.
Celle-ci doit accueillir un engin que Musk a baptisé Colossus, et qu’il a décrit comme le “système d’entraînement d’IA le plus puissant au monde.” Ce superordinateur d’un nouveau genre doit contribuer au développement du chatbot de xAI, Grok, déjà accessible sur le réseau social X, où il a récemment fait parler de lui en divaguant sur un “génocide blanc” à chaque question posée.
Un superordinateur au gaz
“Ce n’est que le commencement”, assure en tout cas l’entreprise sur son site, tandis qu’une seconde usine similaire est déjà envisagée dans les environs. Sauf que ce hangar qui doit accueillir le superordinateur, qui a été présenté à la ville comme une source d’emplois et de recettes fiscales et qui doit contribuer à faire de Memphis un pôle technologique, nécessite énormément d’énergie. Et celle-ci est produite par une profusion de turbines au gaz installées sur le pourtour du site.
Or, celles-ci rejettent de grandes quantités d’émanations toxiques, perceptibles jusqu’à plusieurs kilomètres de là, rapporte CNN. Notamment des oxydes d’azote, un composant clé de la pollution par l’ozone qui peut provoquer des crises d’asthme et des douleurs thoraciques. Mais aussi du formaldéhyde, un agent cancérigène et des particules fines.
“Ni notre santé ni la sécurité de nos communautés n’a jamais été prise en compte”, témoigne auprès du média américain Sarah Gladney, qui vit à 5 km du site et souffre d’une maladie pulmonaire.
Pas de permis pour ses turbines
La zone se débat déjà avec plusieurs entreprises polluantes: le risque de cancer dû aux sources industrielles dans le sud-ouest de Memphis est 4,1 fois plus élevé que le risque “acceptable” de l’EPA, Agence de protection de l’environnement des États-Unis.
L’arrivée de xAI paraît particulièrement inquiétante, alors que les normes régulant la pollution industrielle sont déjà dans le collimateur de Donald Trump. D’autant que Musk, qui a l’oreille du président, triche déjà: son entreprise ne dispose actuellement d’aucun permis d’émissions dans l’air. Mais elle s’appuie sur l’aspect “provisoire” de ces turbines au gaz. Sans pour autant avoir annoncé jusqu’à quand elles alimenteront l’usine, ni par quoi elles seront remplacées. Or, elles émettraient jusqu’à 2.000 tonnes d’oxyde d’azote par an, ce qui ferait de la xAI l’une des sources de pollution atmosphérique les plus importantes de l’agglomération.
Quant aux pouvoirs locaux, ils auraient été mis devant le fait accompli. Si le maire de Memphis, Paul Young, a lui-aussi mis en avant les nouveaux emplois et les 30 millions de dollars de recettes fiscales que l’usine représente, certains législateurs locaux affirment qu’ils ont été tenus dans l’ignorance de l’arrivée de l’installation.
Des coupures d’électricité
Certains, comme le représentant de l’État Justin Pearson, qui vit aussi à quelques kilomètres de l’usine, s’inquiètent de son impact sur le réseau électrique. Celui-ci est notoirement instable, et Memphis a subi par trois fois des coupures de courant durant l’hiver dernier. Or, le superordinateur captait à lui seul 150 mégawatts d’énergie du réseau public local. Assez pour alimenter 100.000 foyers.