Transition écologique : Le biochar entame son éveil industriel
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Capable de stocker du CO2 et d’améliorer la qualité des sols, le charbon végétal gagne en popularité auprès des industriels, même si tous ne s’accordent pas sur son futur en France.
Inaugurée fin mai, l’usine Carbonité de Port-Cartier, au Canada, doit valoriser chaque année 58000 tonnes de résidus forestiers issus des activités du groupe québécois Rémabec. Ces déchets, transformés par Suez et son partenaire Airex Énergie, permettront de produire jusqu’à 30000 tonnes par an de biochar. Obtenue par pyrolyse de la biomasse, cette poudre noire suscite un intérêt croissant parmi les industriels du monde entier. En plus de donner une seconde vie à des déchets organiques, dont la décomposition naturelle génère parfois d’importantes émissions de carbone, il constitue un excellent amendement de sol, en améliorant la rétention des nutriments. Ce n’est pas tout : plusieurs études ont démontré qu’une tonne de biochar était capable de stocker entre deux et trois tonnes d’équivalent CO2 pendant plusieurs centaines d’années.
Dans un rapport publié en 2022, le Giec a même classé le biochar parmi les technologies dites «à émissions négatives», en chiffrant son potentiel de séquestration entre 0,3 et 6,6 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an à l’échelle planétaire, ce qui ferait de ce résidu un précieux atout dans la course à la neutralité carbone. En France, l’Association technique énergie environnement a estimé, dans une note publiée en juin 2024, qu’il «devrait représenter une contribution de 1 million de tonnes d’équivalent CO2 éliminées en 2050».
Malgré ces belles promesses, les entreprises tricolores qui s’emparent du sujet sont encore rares. Il existe bien quelques initiatives, à l’image de la PME Bordet, qui fabrique déjà 4000 tonnes de biochar chaque année en Côte-d’Or et entend décupler sa production à l’horizon 2030. Néanmoins, la plupart des sociétés ayant identifié les avantages de cette solution préfèrent développer des projets à l’étranger, comme en témoigne l’exemple de NetZero. Fondée en 2021 et soutenue financièrement par Stellantis, L’Oréal et CMA CGM, cette start-up compte plusieurs usines en opération au Cameroun et au Brésil, où elle valorise notamment des coques de cacao et des parches de café. Le 16 septembre, elle a par ailleurs annoncé la construction au Brésil d’une première usine de biochar produit à partir de résidus de cannes à sucre. «Il est plus facile de produire de gros volumes de biochar dans des pays tropicaux, où la biomasse est abondante et où le biochar augmente fortement la productivité agricole», estime Axel Reinaud, le fondateur de cette société pionnière.
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