Le site pirate Sci-Hub : menace ou bénédiction pour la science ?

[Indigostar]

Vit-on les derniers instants du site Sci-Hub ? Un procès est en tout cas engagé par Elsevier et d’autres éditeurs universitaires en Inde pour permettre de bloquer enfin le site pirate. Ces entreprises considèrent le site Sci-Hub comme une menace majeure pour la science, par corollaire, leur propre industrie florissante. Un avis que ne partage pas la fondatrice du site, Alexandra Elbakyan, pour qui les éditeurs sont la véritable menace pour le progrès de la science, décidant ainsi de contre-attaquer.

Le site qui offre un accès gratuit à des millions d’articles de recherche payants, Sci-Hub, continue d’être combattu par les éditeurs scientifiques et les gouvernements. Le PirateBay de la science, créé en 2011 et réunissant près de 90 millions de documents, est utilisé par des chercheurs du monde entier pour accéder à des articles auxquels ils auraient autrement du mal à accéder, notamment dans certains pays en développement, où le site peut devenir un outil indispensable pour leurs travaux de recherche.

Sci-Hub décidé à se défendre

La bataille pour interdire le site pirate est menée aux États-Unis par les principaux éditeurs universitaires du pays, tels qu’Elsevier, Wiley et American Chemical Society. Ces derniers, qui font un commerce de l’accès à la recherche, considèrent Sci-Hub, à juste titre, comme une menace directe pour leur modèle commercial. Cela a donné lieu à plusieurs poursuites, dont deux qui ont déjà été remportées par des éditeurs par le biais de jugements par défaut devant les tribunaux américains.

Malgré ces décisions de justice qui se multiplient dans les pays d’occident, Sci-Hub et sa fondatrice Alexandra Elbakyan continuent à se battre pour un accès libre à la recherche face aux questions de droit d’auteur. La dernière bataille juridique de Sci-Hub, qui se déroule en Inde, est la première où le site se défendra activement.

Peu de temps après l’annonce de l’action en justice l’année dernière, des avocats sont venus offrir leur service au site pirate, tandis que des chercheurs locaux ont promis leur soutien. En face, la communauté universitaire surveille également le dossier de près. L’une des publications scientifiques les plus prestigieuses au monde, Nature, a évoqué le 13 décembre cette bataille juridique en cours dans un article.

« Les sites pirates comme Sci-Hub menacent l’intégrité du dossier scientifique et la sécurité des données universitaires et personnelles », ont déclaré les éditeurs à Nature, ajoutant que le site utilise des informations d’identification volées et compromet la sécurité des bibliothèques et des établissements d’enseignement supérieur.

« Les éditeurs sont la vraie menace »

En réaction, la fondatrice Alexandra Elbakyan a décidé de partager sur Twitter sa réponse à Nature, nous offrant par la même occasion une sorte de manifeste de Sci-Hub résumé par cette profession de foi : « Toute loi contre le savoir est fondamentalement injuste. »

Dans ce mail, Elbakyan cherche également à démontrer pourquoi les éditeurs scientifiques seraient la véritable menace pour la science, et non Sci-Hub : « Les éditeurs universitaires menacent le progrès de la science : la communication ouverte est une des propriétés fondamentales de la science, et elle rend possible le progrès scientifique. L’accès payant empêche cela et constitue ainsi une grande menace pour la science. »

Avant de préciser son attaque : « La grande menace, c’est lorsque l’ensemble des connaissances scientifiques est devenu la propriété privée d’une entreprise telle qu’Elsevier, qui en a le contrôle total. Voilà une menace, et non Sci-Hub ».

Le fondateur de Sci-Hub rejette également l’idée que le site menacerait l’intégrité du dossier scientifique. Pour elle, le site ne fait que republier les mêmes articles protégés derrière un paywall.

Droit contre morale

La fondatrice met également en avant, entre autres, la nécessité d’ouvrir la science aux pays moins développés : « Personne ne se plaint d’une “sécurité compromise”, à l’exception des éditeurs universitaires. C’est touchant de voir à quel point ils se soucient des autres. Sauf qu’ils ne se soucient pas du tout des millions de personnes qui ne peuvent pas accéder à la science parce qu’elles n’ont pas d’argent. »

La fondatrice de Sci-Hub reçoit d’ailleurs un réel soutien de chercheurs du monde entier depuis le départ. Des dizaines d’universitaires la soutiennent ici ouvertement sur Twitter après le partage de son mail :

« Des jeunes gens quelque part, soutenus par Sci-Hub, vont faire d’incroyables découvertes qui rendront le monde meilleur », réagit ici le grand scientifique italien, Giulio Prisco. « Je ne suis pas chercheuse, mais je n’aurais jamais pu valider mon Master en science sans Sci-Hub », répond une internaute.

Néanmoins, si les arguments, d’ordre politique, voire éthique, se défendent dans l’esprit, qu’en est-il en droit ? Seule la légalité de Sci-Hub sera jugée devant les tribunaux. Et s’il est établi que Sci-Hub se sert de contenu protégé par le droit d’auteur sans autorisation, il est attendu, à l’instar des décisions de justice françaises et britanniques, une condamnation du site et son blocage.

Un combat contre Sci-Hub qui continue, en parallèle, d’être mené au Royaume-Uni, comme en France. Car la plateforme de partage, bloquée en France dès 2019, demeure malgré tout facilement consultable sous nos latitudes. De la même manière, la justice britannique avait ordonné en février 2021 le blocage de l’accès à Sci-Hub, avec des conséquences que l’on mesure aujourd’hui.

Source : actualitte.com

[ALRBP]

Sci-Hub m’a bien été utile pendant ma thèse. Avec les accès institutionnels qui ne marchent toujours, surtout en télétravail, et sans parler du boycott de Springer, un des plus gros éditeurs, on est loin de pouvoir accéder à tout légalement. Pour les articles récents, ils sont généralement disponibles sur des sites de prépublication, mais si vous devez trouver une publication plus ancienne, impossible sans Sci-Hub (plusieurs dizaines d’€ l’accès payant, pour un bout de papier pas forcément très utile sur le plan scientifique, mais qu’il faut quand-même prendre pour référence).

La Camarade Alexandra Elbakyan est une héroïne de la Science. Elle devrait être décorée, et non traitée en criminelle !

Mine de rien, la Russie, avec tous ses défauts (je déteste Putin, je précise), abrite aussi parfois des dissidents contre certaines formes de dictature que nous connaissons en Occident (comme Snowden).

Bon, de toute façon, ils ne vont pas aller bien loin avec leurs tentatives de détruire ce site. Au pire, il renaîtra sous une autre forme.

[M1ST3R-T]

@alrbp a dit dans Le site pirate Sci-Hub : menace ou bénédiction pour la science ? :

Bon, de toute façon, ils ne vont pas aller bien loin avec leurs tentatives de détruire ce site. Au pire, il renaîtra sous une autre forme.

ça c’est clair !

[duJambon]

Le registre de domaine met hors ligne le nom de domaine .SE de Sci-Hub

Sci-Hub, une bibliothèque fantôme qui offre une passerelle gratuite vers la recherche universitaire payante, a perdu le contrôle de l’un de ses principaux noms de domaine. Sci-Hub.se a été désactivé par The Internet Foundation en Suède, qui gère les domaines .se du pays. L’action est survenue sans avertissement et a pris par surprise la fondatrice de Sci-Hub, Alexandra Elbakyan.

Dans le cas présent, Elbakyan ne s’attend pas à ce que le domaine puisse être rétabli. Au lieu de cela, elle dirige simplement les abonnés vers le nom de domaine alternatif .ru, qui reste accessible.

Source: https://torrentfreak.com/domain-registry-takes-sci-hubs-se-domain-name-offline-230126/

Domaine mentionné dans la source, le supprimer ici n’aurais pas eu de sens.

[Orphancia]

@duJambon Vu la quantité de noms de domaine que Sci-Hub doit avoir, c’est pas ça qui va les arrêter, et heureusement !