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    Dans les fratries, les jeunes babouins de la réserve de Tsaobis (Namibie) semblent avoir des réactions de jalousie qui interpellent les scientifiques.

    Les travaux sur les émotions ressenties par les animaux dévoilent une vie psychique riche et des liens sociaux qui vont jusqu’au deuil. Troisième volet de notre série d’été consacrée à l’intelligence animale.

    (Cet article est extrait du dossier « L’intelligence animale se dévoile », paru initialement dans le n° 14 de la revue Carnets de science.)

    On sait depuis longtemps que les larmes du crocodile n’ont rien à voir le chagrin, mais il n’est plus interdit de penser que certains poissons éprouvent de véritables peines de cœur. C’est en tout cas ce qu’affirme une équipe de biologistes du laboratoire Biogéosciences1, à Dijon, preuves à l’appui. Chloé Laubu, Philippe Louâpre et François-Xavier Dechaume-Montcharmont ont ainsi décrit récemment comment le cichlidé zébré, petit poisson bleuté d’Amérique centrale, en l’occurrence une femelle, perdait manifestement tout enthousiasme dès qu’on la séparait de son compagnon mâle, apportant la preuve expérimentale que les animaux éprouvent des émotions complexes.

    Si chacun d’entre nous peut se convaincre tous les jours au contact de son chien ou de son chat que les animaux expérimentent la joie, la colère ou la tristesse, cette intuition reste très liée à notre vécu. Sujet complexe s’il en est, l’exploration des émotions animales reste en effet un défi pour la science, alors que les recherches ne cessent de s’intensifier depuis que l’éthique et la souffrance animales sont devenues des sujets de société.


    Le cichlidé zébré femelle perd son optimisme lorsqu’on la sépare de son compagnon mâle : elle ne prend plus la peine de soulever le couvercle d’une boîte potentiellement remplie de friandises.

    Ce sont d’ailleurs les protocoles initialement imaginés dans les années 1990 pour étudier le bien-être des animaux d’élevage qui ont rendu possible l’observation des émois amoureux du cichlidé zébré : en l’occurrence, le protocole du verre à moitié vide et du verre à moitié plein, qui permet d’identifier les individus plutôt optimistes et ceux qui sont plutôt pessimistes. « On apprend aux poissons à ouvrir le couvercle de deux boîtes, l’une contenant une petite friandise et dotée d’un couvercle noir, l’autre vide et dotée d’un couvercle blanc, raconte Chloé Laubu. Ce n’est pas un geste habituel pour eux, l’exercice est fastidieux et suppose de leur part une vraie motivation. » On remplace ensuite les deux boîtes par une troisième, au couvercle gris, donc au contenu incertain. Les poissons qui tentent quand même leur chance sont déclarés optimistes, les autres pessimistes. On place alors des femelles à proximité de mâles pour qu’elles forment un couple stable avec l’un d’entre eux. Si on les prive ensuite de la présence de ce mâle, elles deviennent pessimistes dans le sens où elles renoncent à ouvrir le couvercle gris. Preuve, selon la chercheuse, que l’état émotionnel se modifie selon la présence ou l’absence de son partenaire.

    Démonstrations d’empathie

    Les affinités entre individus sont donc bien réelles. Si la protection d’une mère pour son petit est un comportement communément admis dans le règne animal, les primatologues observent de longue date les liens qui se tissent ou non entre individus d’un même groupe. On sait aussi que les vaches préfèrent toujours paître avec les mêmes « copines » et que leur comportement se modifie si l’on modifie les groupes. Depuis le début des années 2000, on s’intéresse de manière plus expérimentale à ces liens d’attraction. Des expériences ont montré, par exemple, qu’ils s’exprimaient chez des oiseaux, les cailles notamment : placés au bout d’un tapis roulant à contresens, de jeunes cailleteaux déploient toute leur énergie pour rejoindre certains de leurs congénères, réunis à l’autre bout du local, lorsque d’autres les laissent totalement indifférents.


    Biologiste du comportement, Alain Boissy travaille depuis plus de vingt ans sur les émotions des animaux d’élevage.

    Au-delà des liens d’affinité ou de parenté, les scientifiques constatent qu’il existe aussi de véritables comportements d’empathie chez de nombreuses espèces. « Certains animaux se soucient de ce qui arrive aux autres et sont capables d’entraide, confirme Dalila Bovet, éthologue au laboratoire Éthologie, cognition, développement, à l’université Paris-Nanterre. Cela ne relève pas simplement de l’anecdote, ce sont des compétences avérées par des protocoles expérimentaux. » L’une d’entre elles joue sur la gourmandise des rats, grands amateurs de chocolat. Un premier rat peut accéder sans difficulté à sa friandise préférée, mais pas l’un de ses camarades, piégé dans un enclos très réduit. Au lieu de se précipiter sur le chocolat, le premier rat va d’abord délivrer son congénère, et cela sans même obtenir de récompense supplémentaire. Cela peut même se vérifier sans récompense à la clé : le premier rat cherchera à délivrer son compagnon avant de reprendre ses occupations.

    Sens de la justice

    « Cet altruisme purement gratuit se manifeste même chez des animaux qui ne sont pas apparentés ou qui ne se rendront jamais la pareille. On peut aller dans certains cas jusqu’à parler d’un sens de la justice chez les animaux », poursuit la chercheuse, qui fait référence ici aux expériences du primatologue néerlandais Frans de Waal. Celui-ci a fait travailler deux chimpanzés, avec comme récompense des jetons donnant droit à du concombre. Mais lorsque le chercheur donne du raisin, meilleur que le concombre, à l’un des deux singes, l’autre refuse de travailler, sans doute saisi, selon certains chercheurs, par un sentiment d’injustice.

    Une autre primatologue, Élise Huchard, du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive2 de Montpellier, s’intéresse désormais à la jalousie, car elle est convaincue qu’il s’agit là d’une porte d’entrée pour mieux comprendre le vécu émotionnel des animaux. Au sein d’une population de babouins qu’elle suit depuis plus de vingt ans au cœur de la réserve de Tsaobis, en Namibie, elle tente de décrypter les réactions de jalousie parmi les fratries. « Lorsqu’une mère toilette l’un de ses petits, elle lui manifeste de l’attention et de l’affection, raconte la chercheuse. Or, il arrive que l’un de ses autres petits vienne interférer dans l’opération. Nous essayons de comprendre s’il fait cela simplement pour rediriger le toilettage vers lui ou plutôt pour perturber celui de son frère ou de sa sœur, en un mot pour nuire à la relation qu’il ou elle entretient avec sa mère, par jalousie. D’après ce que nous pouvons observer, c’est plutôt cette seconde hypothèse qui doit être retenue. »

    Sentiments amoureux, jalousie, empathie… La recherche réussit à cerner chez l’animal des vécus plus complexes que de simples émotions de joie ou de tristesse. Les animaux sont des êtres sensibles, présents au monde comme de véritables sujets, même si en apporter la démonstration reste un vrai défi. « Comme dans le cerveau humain, on sait que les animaux vertébrés possèdent un système limbique, les structures neuronales qui gèrent les émotions et la mémoire, explique le neurobiologiste et philosophe Georges Chapouthier. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ont les mêmes vécus que nous, d’autant que notre système de perception est différent, voire très différent : comment repérer les émotions que ressent un animal face à une couleur ou une odeur que nous-mêmes ne percevons pas ? »

    Un individu, une émotion

    Alain Boissy, biologiste du comportement des animaux, a ouvert une autre voie, davantage fondée sur la psychologie cognitive. À l’occasion de travaux réalisés pour le compte de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) sur le bien-être animal à partir des années 2000, il a été amené à évaluer le rôle de la cognition dans les réactions émotionnelles. « Des expériences en psychologie humaine ont montré, explique-t-il, que face à une situation donnée, tout individu traite l’information de façon quasi automatique et inconsciente pour évaluer s’il s’agit de quelque chose de nouveau, de soudain, d’agréable ou au contraire de désagréable, et s’il peut exercer un quelconque contrôle sur la situation. Ce processus d’évaluation permet de comprendre pourquoi deux individus, confrontés aux mêmes circonstances, ne ressentent pas nécessairement la même émotion ou la même intensité d’émotion. »

    Lorsqu’il y a une accumulation d’émotions négatives à la suite d’une exposition à des événements désagréables, l’animal n’évalue plus son monde de la même manière. Ce biais systématique dans son jugement entretient un état d’humeur négatif qui persiste dans le temps.

    Le chercheur a validé l’existence de ce processus chez des agneaux en modulant une caractéristique dans leur environnement : nouveau par rapport à familier, soudain par rapport à lent, prévisible contre imprévisible, contrôlable versus incontrôlable, etc. Ainsi, après avoir appris aux agneaux à appuyer sur un poussoir pour déclencher une distribution d’aliments d’une quantité donnée, le simple fait de diminuer par quatre cette récompense provoque un mouvement de retrait de la tête et un temps de latence avant que l’animal commence à manger. « Lorsque l’agneau est testé une seconde fois, il est moins enclin à appuyer sur le poussoir, contrairement à ses congénères qui continuent de recevoir la quantité initiale, raconte Alain Boissy. Ce qui indique que l’agneau agit sur le poussoir avec l’intention d’obtenir une quantité donnée d’aliments. Si la situation ne répond plus à ses attentes, il éprouve une émotion négative, inférée ici par la modification subtile de son comportement et des modifications transitoires de son activité cardiaque. »

    Une vie psychique réelle

    Des signes comportementaux et physiologiques qui expriment une réelle vie psychique chez les animaux, au même titre que celle connue chez les humains. Sans chercher à plaquer notre propre lecture psychologique sur les réactions des animaux non humains, le biologiste constate que des réactions de peur de l’animal sont souvent liées à ce qu’il perçoit comme nouveau et soudain, de la frustration est ressentie quand la situation qui a changé ne satisfait plus ses propres attentes ou, inversement, de la joie si la situation répond au-delà de ses attentes.


    Un zèbre essaie de « réveiller » une femelle gestante morte lors de la mise bas (parc d’Etosha, Namibie).

    Dans quelle mesure l’émotion provoquée par un changement influence-t-elle alors la façon dont l’animal analyse la situation à laquelle il fait face ? C’est de cette question que sont nés les travaux entrepris sur les animaux inspirés du principe du verre à moitié vide ou à moitié plein évoqué plus haut. « On montre que lorsqu’il y a une accumulation d’émotions négatives à la suite d’une exposition à des événements désagréables, l’animal n’évalue plus son monde comme peut le faire un autre individu non soumis à ces expériences émotionnelles. Ce biais systématique dans son jugement entretient par inertie un état d’humeur négatif qui persiste malgré une amélioration éventuelle de son environnement », explique Alain Boissy.

    Un état psychique qu’on peut alors qualifier de véritable souffrance animale, qui va bien au-delà de la simple douleur physique, et que les autres animaux du groupe sont d’ailleurs capables de percevoir. Les bovins, qui ont un bulbe olfactif très développé, ont la capacité de percevoir des substances odorantes déclenchées par le stress d’un individu, ce qui entraîne des réactions d’alerte dans le troupeau. Une vache pourra ainsi hésiter à entrer dans un enclos où l’une de ses congénères a souffert auparavant.

    La question du deuil

    Quelle est l’intensité ou la profondeur de ces sentiments ? La question reste ouverte, mais depuis les années 2010, les chercheurs n’hésitent plus à l’aborder frontalement en s’interrogeant sur la question du deuil et sur les réactions des animaux face à la mort d’un proche. Une orque qui porte à la surface de l’eau son petit mort-né pendant dix-sept jours, une femelle chimpanzé qui semble vouloir ranimer le petit qu’elle vient de perdre… Les récits ne manquent pas, mais ont longtemps relevé de l’anecdote.

    Les observations s’accumulent, qui donnent à penser que la mort d’un individu provoque de vraies manifestations de stress chez ceux dont il était proche.

    Désormais, l’attitude de l’animal face à la mort est étudiée au sein de la thanatologie comparée. Élise Huchard, qui la documente dans le cadre de son projet de recherche sur les babouins, explique qu’il y a « une composante émotionnelle – on parle de deuil chez les humains –, mais aussi une composante cognitive, qu’étudie ma collègue Alecia Carter, en déployant des expériences simples sur le terrain, à savoir le concept de mort qu’ont les animaux. Celui-ci est complexe et implique, entre autres traits, que la mort ait une cause, qu’elle soit irréversible ou encore universelle, en un mot la conscience de la mort ».

    Comme dans le cas de la jalousie, les deux chercheuses observent les comportements des babouins lorsque la mort d’un individu survient au sein du groupe. Elles constatent par exemple que si un petit encore accroché en continu au pelage de sa mère meurt, celle-ci le porte parfois avec un bras, parfois avec la bouche, pendant plusieurs jours, ce qui lui demande un réel effort et complique ses gestes habituels et les longs déplacements qu’elle doit faire pour se nourrir. La mère, parfois aussi le père, continue à protéger le petit cadavre des autres adultes et à le toiletter. De telles observations, encore parcellaires, s’accumulent pour différentes espèces et donnent à penser que la mort d’un individu provoque de vraies manifestations de stress chez ceux dont il était proche socialement. L’étude, effectuée sur le terrain, sera forcément de longue haleine, mais ses résultats pourraient dévoiler un peu plus, encore, toute la richesse de la vie psychique de l’animal. ♦

    A lire sur le même thème :
    De l’animal-machine à l’animal sujet
    Etonnantes cultures animales

    Source : lejournal.cnrs.fr

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    L’Inde a fait décoller samedi la dernière mission de son ambitieux programme spatial pour un voyage vers le centre du système solaire.

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    La sonde Aditya-L1 a été lancée depuis le Satish Dhawan Space Centre à Sriharikota, le 2 septembre 2023. AFP

    L’Inde a fait décoller samedi la dernière mission de son ambitieux programme spatial pour un voyage vers le centre du système solaire, une semaine après avoir réussi à poser un véhicule sans équipage près du pôle sud de la Lune. La sonde Aditya-L1, «Soleil» en hindi, a été lancée à 11h50 (8h20 en Suisse), et une retransmission télévisée en direct a montré des centaines de spectateurs applaudissant à tout rompre dans le bruit assourdissant de l’ascension de la fusée.

    «Le lancement a réussi, tout est normal», a annoncé un responsable de l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO) depuis le centre de contrôle de la mission, pendant que le vaisseau se dirigeait vers les hautes sphères de l’atmosphère terrestre. La mission transporte des instruments scientifiques pour observer les couches extérieures du Soleil au cours d’un voyage de quatre mois.

    Les États-Unis et l’Agence spatiale européenne (ESA) ont déjà placé sur orbite des engins pour étudier le Soleil, à commencer par le programme Pioneer de la NASA dans les années 1960, mais il s’agira d’une première pour l’Inde. Le Japon et la Chine ont tous deux lancé leurs propres missions d’observation solaire en orbite terrestre. Si elle réussit, la dernière mission de l’ISRO sera cependant la première à être placée en orbite autour du Soleil par une nation asiatique.
    Système d’alerte

    «Il s’agit d’une mission ambitieuse pour l’Inde», a déclaré l’astrophysicien Somak Raychaudhury à la chaîne de télévision NDTV vendredi. Il a indiqué que la sonde étudierait les éjections de masse coronale, un phénomène périodique qui se traduit par d’énormes décharges de plasma et d’énergie magnétique provenant de l’atmosphère du Soleil. Elles sont si puissantes qu’elles peuvent atteindre la Terre et potentiellement perturber le fonctionnement des satellites.

    Aditya aidera à prévoir ces phénomènes «et à alerter tout le monde pour que les satellites puissent couper leur alimentation», a ajouté l’astrophysicien. Selon lui, «cela nous aidera également à comprendre comment ces choses se produisent et, à l’avenir, nous n’aurons peut-être pas besoin d’un système d’alerte.»

    Aditya parcourra 1,5 million de kilomètres pour atteindre sa destination, ce qui ne représente encore qu’un pour cent de l’immense distance entre la Terre et le soleil. À ce moment-là, les forces gravitationnelles des deux corps célestes s’annulent, ce qui permet à la mission de rester sur une orbite stable autour de notre étoile la plus proche.

    Le satellite d’étude est transporté par la fusée PSLV XL de 320 tonnes, conçue par l’ISRO, qui est l’un des piliers du programme spatial indien et a déjà effectué des lancements vers la Lune et Mars. La mission vise également à mettre en lumière la dynamique de plusieurs autres phénomènes solaires par l’imagerie et la mesure des particules dans la haute atmosphère du Soleil.

    Budget modeste

    L’Inde n’a cessé d’égaler les réalisations des puissances spatiales établies pour une fraction de leur coût. Le programme aérospatial indien est doté d’un budget relativement modeste mais qui a été considérablement augmenté depuis sa première tentative de placer une sonde en orbite autour de la Lune en 2008.

    Selon les experts du secteur, l’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce au nombre important d’ingénieurs hautement qualifiés bien moins payés que leurs confrères étrangers. L’alunissage réussi le mois dernier – un exploit réalisé auparavant uniquement par la Russie, les États-Unis et la Chine – a coûté moins de 75 millions de dollars.

    Il a été largement célébré par le public, avec des rituels de prière pour souhaiter le succès de la mission et des écoliers qui ont suivi la descente finale grâce à des retransmissions en direct dans les salles de classe. En 2014, l’Inde a été la première nation asiatique à avoir placé un engin en orbite autour de Mars. Elle prévoit de lancer une mission habitée de trois jours autour de la Terre d’ici l’année prochaine. Une mission conjointe avec le Japon doit permettre d’envoyer une sonde sur la Lune d’ici 2025 ainsi qu’une mission vers Vénus d’ici deux ans.

    Source: https://www.20min.ch/fr/story/espace-apres-la-lune-linde-lance-une-mission-vers-le-soleil-924681995907

    Des prières, bon, et après ? Une vache sacrée comme premier cosmonaute ? 🙂

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    Ca a dû ressembler à ça, la chute de Luna-25… ans le son :mouhaha:

  • Intrication Quantique

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    [Science-friction] Au risque de lasser, Google crie encore au loup (et à l’avantage quantique)

    Début juillet, Google a annoncé avoir réalisé en à peine six secondes un calcul qui aurait occupé le supercalculateur le plus puissant du monde pendant près d’un demi-siècle. Présentée comme la démonstration de la supériorité du calcul quantique, cette comparaison reste discutable à plusieurs titres.

    Comme à son habitude, Google fait grand bruit autour de ses progrès en calcul quantique. Début juillet, l’équipe du géant américain a publié de nouveaux travaux sur l’archive ouverte Arxiv. Son calculateur, désormais doté de 70 qubits, aurait réalisé en quelques secondes un calcul que le supercalculateur le plus puissant du monde, Frontier, aurait pris 47 ans à résoudre. Selon les chercheurs, leur expérience «dépasse les capacités des supercalculateurs existants». Une démonstration discutable de la tant convoitée supériorité du calcul quantique sur les technologies établies… qui reste encore très loin d’un quelconque usage concret de la technologie.

    Source: https://www.usinenouvelle.com/editorial/science-friction-au-risque-de-lasser-google-crie-encore-au-loup-et-a-l-avantage-quantique.N2158267

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    Imaginons : nous sommes aux commandes d’une des sondes Voyagers et on voudrait se déplacer dans le système solaire. Combien de temps cela nous prendrait d’aller voir Proxima du Centaure ou notre centre galactique à la vitesse actuelle ? Et si on veut passer faire coucou aux galaxies proches de nous ?

    Il y a quelques jours, nous expliquions comment les sondes Voyager de la NASA font pour communiquer avec la Terre alors qu’elles se trouvent à 20 milliards de km. Un exploit pour des vaisseaux lancés dans les années 70 avec une antenne de 3,66 mètres seulement et une alimentation de quelques centaines de watts. Pour autant, cela fonctionne, et même plutôt bien.

    | Comment les sondes Voyager communiquent avec la Terre à 20 milliards de km Les km c’est so-terrestre, voici les années-lumière

    Mais 20 milliards de km, cela représente quoi exactement ? Difficile de se rendre compte avec des nombres aussi grands. On peut comparer cette distance à la circonférence de la Terre, environ 40 000 km : cela fait donc 500 000 fois le tour de notre planète… mais ce n’est pas forcément plus parlant.

    On pourrait également utiliser une autre unité de distance, l’année-lumière ou al (avec la vitesse de la lumière à 300 000 km/s environ dans le vide). On multiplie donc une vitesse par une durée, ce qui donne bien une distance. Elle est d’un peu moins de 10 000 milliards de km pour une année-lumière. On va commencer avec des sous-multiples que sont les heures-lumière (environ 1,1 milliard de km) et jours-lumière (environ 26 milliards de km).

    Entre les sondes de la NASA et la Terre, la lumière met une vingtaine d’heures. Oui, ce n’est pas très précis – 18 h 30 avec Voyager 2 et 22 h 15 pour Voyager 1 –  mais cela permet de planter le décor et on verra par la suite qu’on n’est pas à quelques heures-lumière près, très (très) loin de là même.

    À titre de comparaison, entre la Terre et le Soleil, la lumière ne met que huit minutes à faire le trajet. On dépasse l’heure avec Saturne et on arrive à 5,5 heures pour Pluton, la planète déchue de notre système Solaire.

    Voyager : près de 30 000 ans pour sortir du nuage de Oort

    Pour un peu mieux se rendre compte des distances et du temps, revenons au lancement des sondes Voyager, en 1977. Elles survolent ensuite Jupiter et Saturne, mais on n’est seulement alors qu’en 1981. Il faudra attendre 1986 et 1989 pour que Voyager 2 passe à proximité d’Uranus et de Neptune. Et depuis ? Rien… les sondes n’ont pas croisé le chemin d’un objet stellaire depuis plus de 30 ans, et elles ne risquent pas d’en voir un de sitôt, sauf surprise.

    Les derniers faits marquants remontent à respectivement 2013 et 2018 lorsque la NASA annonce que Voyager 1 et 2 ont dépassées l’héliopause pour entrer « dans l’espace interstellaire ». Quand sera le prochain rendez-vous ? Dans très longtemps…

    Voyager Héliopause

    Dans notre dossier sur le Système solaire, nous avons expliqué que le nuage de Oort se trouve aux confins et forme en quelque sorte une « coquille ». Les sondes Voyager en sont encore très loin.

    | À la découverte du Système solaire : le Soleil, élément central et « catalyseur » de la vie | À la découverte du nuage de Oort, aux confins du Système solaire

    Le bord intérieur du nuage d’Oort est, selon la NASA, « estimé entre 2 000 et 5 000 ua [unité astronomique correspondant à la distance Terre-Soleil] du Soleil. Le bord extérieur pourrait être à 10 000 ou même 100 000 ua du Soleil », soit entre une dizaine et une trentaine de jours-lumière, alors que, pour rappel, les sondes sont à moins d’une journée-lumière de la Terre pour le moment. Quant au bord extérieur du nuage, il se trouve entre une soixantaine de jours-lumière et 1,5 année-lumière.

    À la vitesse actuelle de la sonde – environ 60 000 km/h, soit une quinzaine de km… par seconde tout de même – il faudrait environ 28 000 ans aux sondes pour sortir du nuage de Oort (en prenant environ 100 000 ua comme limite). Dans 28 000 ans, les sondes ne seront donc qu’aux portes de notre système Solaire. Elles seront alors à 15 000 000 000 000 km, contre 20 000 000 000 km actuellement (50 ans après leur lancement).

    Dans l’espace, c’est le vide qui règne en maitre. Les sondes ne sont donc pas ralenties comme cela aurait été le cas sur Terre à cause de l’air. Sauf surprise très surprenante, elles vont ainsi continuer à avancer en gardant leur cap et leur vitesse pendant encore très très longtemps.

    Ceinture Kuiper nuage oort

    Crédits : CNES

    75 000 ans pour atteindre l’étoile Proxima

    En imaginant que les sondes soient dans la bonne direction pour rendre visite à l’étoile la plus proche de nous – Proxima du système triple Alpha Centauri –, elles devraient parcourir 4,2 années-lumière. C’est presque trois fois plus que pour atteindre la limite extérieure du nuage de Oort, ce qui nous amène à 75 000 ans environ.

    | Balade dans la Voie lactée : à la découverte du système triple Alpha Centauri

    Rappelons qu’il existe un projet un peu fou de « nano-vaisseaux » (pesant un gramme seulement) propulsés grâce à des rayons laser venant frapper de petites « voiles ». De 75 000 ans, on passerait ainsi à 20 ans seulement. Reste un problème : la latence des transmissions entre la sonde et la Terre. À la vitesse de la lumière (ce qu’il y a de plus rapide dans l’Univers), cela prendrait 4,2 années aller et autant pour le retour.

    De son côté, Trappist-1 qui faisait les gros titres en 2017 se trouve 10 fois plus loin que Proxima, à environ 40 années-lumière. On s’approcherait du million d’années pour qu’une sonde comme Voyager s’y rende.

    | Trappist-1 : sept exoplanètes, trois en zone habitable, une découverte majeure !

    Voie lactéeNous sommes ici au niveau du petit point marqué « Soleil ». Crédits : ESA

    500 millions d’années pour le centre de notre galaxie

    Et si on voulait pousser le voyage un peu plus loin en nous rendant simplement au centre galactique, c’est-à-dire au milieu de la Voie lactée (notre Galaxie) ? Il faudrait parcourir 28 000 années-lumière, soit 500 millions d’années, excusez du peu. Avec des approximations d’approximations certes, mais l’idée générale est là. On n’est de toute façon plus à quelques dizaines de millions d’années à ce stade.

    Et nous ne serions qu’au centre de notre galaxie. Pour rejoindre notre plus proche voisine, la galaxie naine du Sagittaire découverte en 1994, il faudrait parcourir 75 000 années-lumière, soit 2,7 fois plus que notre centre galactique. On passerait alors à 1,3 milliard d’années de temps de trajet. Cela en se basant sur les distances actuelles, qui changent forcément sur une aussi longue période.

    Vous voulez vous rendre dans une galaxie proche de la nôtre avec une sonde Voyager ? Andromède vous tend les bras à 2 500 000 d’années-lumière, ce qui nous donnerait plus de 40 milliards d’années pour nous y rendre, soit bien plus que l’age de l’Univers qui a 13,8 milliards d’années environ.

    Et on ne parle ici que de galaxies à quelques millions d’années-lumière de la nôtre, imaginez pour des galaxies à des milliards d’années-lumière de la Terre, et c’est sans prendre en compte l’expansion de l’Univers.

    Source : nextinpact.com

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    @Hadès a dit dans De l’animal-machine à l’animal-sujet :

    Et pour le dessin du chimpanzé il est aussi doué que moi

    Perso c’est encore pire…:lolilol:
    text alternatif

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    @Raccoon a dit dans Le niveau des élèves a baissé: la Suède range les tablettes et ressort les manuels scolaires :

    Mais je ne suis pas sûr que le tout numérique soit la cause profonde de sa méconnaissance.

    En effet, je suis d’accord, cela y participe mais ce n’est pas la seule cause.

    Si on pouvait faire cela chez nous ce serait cool, j’aurais moins de boulot 😉

    Quand je vois certains professeurs qui ne jure que par la tablette en élémentaire, ça m’agace fortement, surtout quand ça se plaint ensuite au collège que les élèves ne savent pas utiliser un ordinateur. (Bon pour cela, il faudrait déjà que le prof lui même l’utilise correctement)

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    En 2026, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) prévoit de lancer la mission ClearSpace-1. L’objectif de celle-ci est de tester une méthode pour retirer un objet de l’orbite terrestre et le faire rentrer dans l’atmosphère. La cible de la mission est déjà connue, mais récemment, l’U.S. Space Force a détecté de nouvelles pièces de débris autour d’elle. Les premières analyses suggèrent qu’il s’agit de débris provenant de l’impact d’un petit objet se déplaçant à une très grande vitesse.

    La cible de la mission ClearSpace-1 est un adaptateur de forme conique qui a été laissé par une fusée Vega lancée en 2013, et qui pèse environ 113 kg. Les morceaux de débris spatiaux ont été détectés par les systèmes de suivi, et selon les responsables, on pourrait ne jamais savoir si le « projectile » était naturel ou artificiel. L’objet n’est pas apparu sur les écrans des systèmes de suivi.

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    D’après un communiqué publié le 22 août dernier par les responsables de l’ESA, cet événement de fragmentation souligne la pertinence de la mission ClearSpace-1. On peut aussi lire que la menace la plus importante que représentent les gros débris spatiaux est qu’ils se fragmentent en nuages d’objets plus petits. Ces morceaux de débris peuvent causer des dommages importants à des satellites en activité.

    La mission ClearSpace-1

    La mission ClearSpace-1 a comme objectif de s’approcher de l’adaptateur, de le capturer, puis de le faire rentrer dans l’atmosphère terrestre où il va se désintégrer. Pour ce faire, un engin développé par l’entreprise suisse ClearSpace va être utilisé. Cet engin sera lancé par une fusée Vega-C d’Arianespace, et il va se servir de « bras » robotisés pour capturer la cible.

    D’après les premières observations après l’impact, il semble que seul un petit morceau de l’adaptateur ait été arraché. Toutefois, la mission a été conçue pour désorbiter un objet totalement intact. Ainsi, les responsables sont actuellement en train d’évaluer la situation pour savoir ce qu’il faudra faire pour la suite. Il est prévu que les analyses durent plusieurs semaines.

    Gare aux débris

    Pour le moment, il reste encore trois ans avant le lancement de la mission. Les responsables auront du temps pour trouver les points à changer ou à adapter. Cependant, cet événement montre que le problème des débris spatiaux devient de plus en plus grave. Les stations au sol ne peuvent surveiller qu’une petite portion de l’orbite terrestre, et les plus petits débris ne sont pas détectables.

    En ce qui concerne la cible de la mission ClearSpace-1, les suivis effectués par l’U.S. Space Force et d’autres stations en Allemagne et en Pologne ont montré que l’objet principal est resté intact, et il n’y a eu aucune altération significative de son orbite. Les risques pour que les nouveaux débris entrent en collision avec d’autres objets sont également négligeables.

    Sources: https://www.fredzone.org/cible-clearspace-1-touchee-par-un-debris-spatial-ard267
    Et: https://www.space.com/space-debris-cleanup-mission-target-hit

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    L’élément prisé du monde médical et de la recherche fait défaut, en partie à cause de la guerre en Ukraine. Le CERN, son plus gros utilisateur en Suisse, a renouvelé son contrat de livraison à temps

    C’est une pénurie méconnue, mais plus durable et elle n’est de loin pas seulement due à la guerre en Ukraine. L’hélium manque, c’est presque devenu une tradition dans le secteur. Cet élément était jadis utilisé pour gonfler des ballons, car il est plus léger que l’air. Il amusait aussi, car notre voix émet un son aigu si on l’inhale. Mais seuls les plus âgés d’entre nous s’en souviennent, car l’hélium a disparu des fêtes foraines il y a longtemps. Son approvisionnement est compliqué depuis une bonne vingtaine d’années, un peu partout dans le monde, malgré une demande en hausse.

    Source pour abonnés: https://www.letemps.ch/economie/la-penurie-globale-d-helium-met-les-scientifiques-sous-tension

    Pauvres gamins qui ne sont pas près de voir échapper de leurs mimines, des ballons dressés vers le ciel…

    L’hélium liquide (-273 degrés) est utilisé au Cern pour rendre les bobinages d’aimant supraconducteurs, ce qui permet d’obtenir des champs magnétiques intenses à des tailles et des portées inusitées et à faible consommation électrique. On rêve d’un élément supraconducteur à moins basse température ou mieux, à température ambiante.

  • Étonnantes cultures animales

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    @Pollux , je plussoie, car combien d’expériences de rapidité et de mémorisation faites avec des singes, des dauphins et d’autres espèces sont hallucinantes, aucun humain ne serait capable d’arriver au même résultat. Nous n’utilisons sûrement pas la même partie de notre cerveau, en tout cas pour nous, pas la bonne.
    L’apologie de la barbarie a eu pour conséquence la “suprématie” de notre espèce, voilà d’où nous vient notre prétendue supériorité. Et on n’en est pas sortis, l’illusion d’un monde en paix est une chimère qu’il faudra tôt ou tard oublier. Une civilisation qui n’est pas issue de la barbarie n’existe pas, sauf quelques tribus si petites et si minoritaires qu’on se fait un plaisir de détruire dès que découvertes.
    Je remarque que des intervenants sont vraiment concernés… Raccoon, Rapace… 🙂
    Merci à l’auteur en tout cas.

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    @michmich qu’est ce que ça faisait fantasmer ce truc, surtout à l’époque des premières branlettes lol

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    avec ça, ils sont infoutu de nous sortir une voiture sans bug électronique 😞

  • Conseils aux planteurs de graines de doute

    Déplacé
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    J’ai un doute, mais je me soigne:

    Source: https://jaiundoute.com/

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    avec le nain de jardin il n’aurait peut etre pas eu ce blem

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    Vivons-nous vraiment dans l’Anthropocène, la période géologique marquée par l’impact global de l’activité humaine ? Et si oui, quand a-t-elle commencé et où sur Terre peut-on le mieux comprendre ses débuts ?

    Telles sont les questions auxquelles tente de répondre le Groupe de travail sur l’Anthropocène (AWG), créé en 2009 par la Sous-commission sur la stratigraphie du Quaternaire pour proposer une définition de ce concept et estimer son potentiel en tant qu’unité de temps géologique.

    Le 11 juillet 2023, le groupe a annoncé que le lac Crawford, en Ontario, avait été choisi comme le site où se trouve l’enregistrement sédimentaire qui servira à définir le début de l’Anthropocène.

    Mais qu’est-ce que ce lac a de si particulier pour être ainsi proclamé comme une sorte de ligne de démarcation entre différentes époques géologiques ?

    L’empreinte de la Grande accélération

    Depuis sa création, le groupe de travail sur l’Anthropocène a évalué divers types de preuves physiques, chimiques et biologiques préservées dans les sédiments et les roches, et a publié de nombreux articles scientifiques explorant leur nature et leur pertinence.

    Ces études ont conclu que l’Anthropocène est significatif à l’échelle géologique en raison de la rapidité et de l’ampleur des impacts récents de l’humain sur les processus opérant à la surface de la Terre. Nombre de ces perturbations ont généré des changements irréversibles qui surpassent ceux, plus modestes, survenus durant l’Holocène — la dernière phase climatique interglaciaire — qui a débuté il y a 11 700 ans.

    Dans les strates géologiques, l’AWG a identifié un ensemble important d’indicateurs qui coïncident avec ce que l’on appelle la « Grande accélération » du milieu du XX<sup>e</sup> siècle. Elle désigne la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, marquée par une augmentation sans précédent de la population humaine, de la consommation d’énergie, de l’industrialisation et de la mondialisation. Ces indicateurs sont les suivants :

    Les radio-isotopes provenant des armes thermonucléaires dans l’atmosphère (tel le plutonium).

    Les particules carbonées originant de la combustion à hautes températures d’énergies fossiles.

    Les microplastiques.

    Les changements dans la biodiversité, notamment l’extinction, le déplacement d’espèces hors de leur aire de répartition naturelle et la forte expansion des organismes domestiqués.

    Vue partielle du dépôt géologique à la plage Tunelboca (Getxo, Espagne), un dépôt formé de résidus de fer, de briques réfractaires, de plastiques et d’autres technofossiles de l’Anthropocène. Roberto Martínez, Author provided Qu’est-ce qu’un « clou d’or » ?

    Au fil des ans, le groupe de travail sur l’Anthropocène a largement convenu que l’Anthropocène est géologiquement réel et qu’il devrait être formellement considéré comme une unité indépendante au sein de l’échelle internationale des temps géologiques. Son début se situerait au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, dans les années 1950, d’après les signaux simultanés et globaux enregistrés dans les sédiments depuis lors.

    Le groupe de travail sur l’Anthropocène a établi qu’il était nécessaire de déterminer son lieu de référence au moyen d’une limite matérielle et temporelle appelée « point stratotypique mondial » (GSSP) — communément appelée « clou d’or ». Il s’agit de la méthode la plus largement acceptée pour formaliser les unités géologiques des 540 derniers millions d’années.

    Les critères de sélection

    Depuis 2019, un projet de collaboration entre le groupe de travail sur l’Anthropocène et de nombreux laboratoires de recherche est en cours dans le cadre d’une initiative internationale appelée Anthropocene Curriculum, promue par la Maison des cultures du monde (Haus der Kulturen der Welt) et l’Institut Max Planck pour l’Histoire de la science (Max Planck Institute for the History of Science), tous deux en Allemagne.

    Douze propositions détaillées ont été initialement soumises pour différentes sections géologiques susceptibles d’accueillir ce GSSP, situées sur cinq continents et dans huit environnements géologiques différents. Toutes ces propositions ont été publiées en 2023 dans la revue scientifique Anthropocene Review. Ces articles ont constitué la principale source d’information pour les membres votants du groupe de travail sur l’Anthropocène au cours du processus de sélection.

    Après en avoir éliminé plusieurs, le groupe de travail sur l’Anthropocène a finalement examiné en détail neuf sites. Les candidats appropriés étaient ceux qui contenaient de fines couches de sédiments pouvant être analysées d’année en année et dont l’âge pouvait également être corroboré par la présence d’éléments radioactifs afin de garantir un enregistrement sédimentaire complet.

    Les procédures stratigraphiques établies pour décider d’un GSSP sont déjà normalisées en géologie et sont communes pour la définition de tout temps géologique. Ainsi, un « clou d’or » nécessite la présence locale d’un marqueur physique visible à l’œil nu et d’au moins un signal indicateur, tel qu’un changement géochimique, que l’on retrouve dans les sédiments et les roches du même âge et sur l’ensemble du globe.

    La plupart des propositions ont identifié le plutonium comme l’indicateur principal et ont proposé le début de l’Anthropocène à partir d’une augmentation du signal de cet élément radioactif.

    Et le gagnant est…

    Une première discussion sur les forces et les faiblesses de chaque site a débuté en octobre 2022, et la liste a été réduite à trois à la fin de l’année.

    D’après les résultats, les sections géologiques les plus pertinentes étaient situées dans la baie de Beppu (Japon), au lac Sihailongwan (Chine) et au lac Crawford (Canada). Après une analyse détaillée de la nature de leur signal plutonium et un nouveau vote, les sites des lacs chinois et canadien ont été retenus comme finalistes.

    Finalement, le lac Crawford a reçu 61 % des votes et a donc été choisi comme site pour accueillir la proposition GSSP pour l’époque de l’Anthropocène.

    Localisation du lac Crawford. Francine MG McCarthy et ses collègues. Sage Journal, 2023, CC BY

    Les couches de sédiments du lit du lac, à l’ouest de Toronto, ont été étudiées à l’origine pour démontrer l’occupation sporadique de la région par les peuples autochtones et la colonisation subséquente par les Européens. La nouvelle étude géologique a permis d’augmenter le nombre d’indicateurs préservés dans les différentes couches annuelles, formées d’une alternance de calcite pâle, déposée en été, et de lamines organiques foncées, accumulées en hiver.

    Photo de la carotte ou de l’échantillon CL-2011 avec des détails sur la profondeur et l’âge des différentes couches annuelles, indiquant la position de la limite proposée en 1950. Francine MG McCarthy et ses collègues. Sage Journal, 2023, CC BY

    La couche proposée comme marqueur visuel pour le GSSP a une profondeur de 6,1 pouces (15,6 centimètres) à la base d’une couche de calcite déposée au cours de l’été 1950. Elle a été choisie en raison de l’augmentation rapide du plutonium par la suite. Ce signal coïncide également avec une augmentation des particules carbonées et un changement majeur de l’écosystème identifié par une diminution du pollen d’orme et un remplacement des espèces de diatomées, un type d’algues.

    On dit « adieu » à l’Holocène

    Il est très important de ne pas confondre le début de l’activité humaine et l’Anthropocène. L’Anthropocène ne comprend pas l’impact initial de l’humain, qui était régional et s’est accru avec le temps, mais il est défini comme une conséquence de la réponse planétaire à l’énorme impact de la Grande accélération.

    L’Anthropocène s’inscrit dans les temps géologiques et, malgré sa courte durée, bénéficiera d’une éventuelle formalisation qui en déterminera précisément le sens et l’usage dans toutes les sciences et autres disciplines académiques. La fin d’une époque relativement stable de l’histoire de la Terre, l’Holocène, sera ainsi reconnue.

    Source : theconversation.com

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    Et dire que quand on regarde les vidéos de l’ina on voie des gamins de 10 piges mieux parler que nous même adultes

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    Ce projet de recherche et développement porte sur les batteries à électrolyte solide, alias BES. Cette technologie « utilise l’électrolyte solide au lieu de l’électrolyte liquide pour développer des batteries à plus haute densité énergétique et qui sont plus sûres pour les consommateurs que les batteries lithium-ion classiques », explique la Commission.

    La France a notifié la Commission européenne de son plan visant à apporter une subvention directe de 1,5 milliard d’euros afin de mener des recherches jusqu’en 2029. La Commission a de son côté donné son feu vert, estimant entre autres que « la mesure prévoit des garde-fous suffisants pour garantir que les distorsions indues de la concurrence sont limitées ».

    Il est notamment question de développer des BES de première génération « pour surmonter les limites des batteries lithium-ion actuelles », puis d’améliorer le processus avec une seconde génération. Le projet prévoit aussi de « développer des techniques de recyclage des BES et des stratégies de recyclage pour divers composants des batteries ».

    De son côté, « ProLogium s’est engagée à partager activement le savoir-faire technique acquis dans le cadre du projet avec l’industrie et le monde universitaire ».

    Source : nextinpact.com

  • Fiabilité de la reconnaissance faciale

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    Une femme enceinte innocente emprisonnée au milieu d’une tendance à la reconnaissance faciale défectueuse.

    Les services de police américains continuent d’utiliser la technologie malgré une faible précision et des inadéquations évidentes.

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    Des études ont montré que la technologie de reconnaissance faciale existante est plus susceptible de générer des faux positifs avec des visages noirs.

    L’utilisation d’un logiciel de reconnaissance faciale a conduit la police de Detroit à arrêter à tort Porcha Woodruff, 32 ans, pour vol et détournement de voiture, rapporte le New York Times. Enceinte de huit mois, elle a été détenue pendant 11 heures, interrogée et s’est fait saisir son iPhone comme preuve avant d’être libérée. Il s’agit de la dernière d’une série de fausses arrestations dues à l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale, qui, selon de nombreux critiques, n’est pas fiable.

    L’erreur semble particulièrement notable car les images de surveillance utilisées pour identifier à tort Woodruff ne montraient pas de femme enceinte, et Woodruff était très visiblement enceinte au moment de son arrestation.

    L’incident a commencé par une recherche automatisée de reconnaissance faciale par le département de police de Detroit. Un homme victime d’un vol a signalé le crime et la police a utilisé DataWorks Plus pour exécuter des séquences vidéo de surveillance sur une base de données de photos d’identité criminelles. La photo d’identité de Woodruff en 2015 lors d’une précédente arrestation sans rapport a été identifiée comme une correspondance. Après cela, la victime a confirmé à tort son identité à partir d’une série de photos, ce qui a conduit à son arrestation.

    Woodruff a été accusé devant le tribunal de vol qualifié et de détournement de voiture avant d’être libéré moyennant une caution personnelle de 100 000 $. Un mois plus tard, les accusations portées contre elle ont été rejetées par le procureur du comté de Wayne. Woodruff a intenté une action en justice pour arrestation injustifiée contre la ville de Detroit, et le chef de la police de Detroit, James E. White, a déclaré que les allégations étaient préoccupantes et que l’affaire était prise au sérieux.

    Selon le New York Times, cet incident est le sixième cas récemment signalé où un individu a été faussement accusé à la suite de la technologie de reconnaissance faciale utilisée par la police, et le troisième à avoir lieu à Detroit. Les six personnes faussement accusées étaient noires . Le département de police de Detroit effectue en moyenne 125 recherches de reconnaissance faciale par an, presque exclusivement sur des hommes noirs, selon les données examinées par le Times.

    La ville de Détroit fait actuellement face à trois procès liés à des arrestations injustifiées basées sur l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale. Des groupes de défense, dont l’American Civil Liberties Union du Michigan, appellent à davantage de preuves dans les cas impliquant des fouilles faciales automatisées, ainsi qu’à la fin des pratiques qui ont conduit à de fausses arrestations.

    L’arrestation de Woodruff et la tendance récente des fausses arrestations ont déclenché un nouveau cycle dans un débat en cours sur la fiabilité de la technologie de reconnaissance faciale dans les enquêtes criminelles. Les critiques disent que la tendance met en évidence les faiblesses de la technologie de reconnaissance faciale et les risques qu’elle pose aux personnes innocentes.

    C’est particulièrement risqué pour les personnes à la peau foncée. Un article de 2020 sur le site Web de l’Université de Harvard par Alex Najibi détaille la discrimination raciale omniprésente dans la technologie de reconnaissance faciale, mettant en évidence des recherches qui démontrent des problèmes importants avec l’identification précise des individus noirs.

    Un rapport de 2022 de Georgetown Law sur l’utilisation de la reconnaissance faciale dans les forces de l’ordre a révélé que “malgré 20 ans de recours à la reconnaissance faciale comme technique d’enquête médico-légale, la fiabilité de la reconnaissance faciale telle qu’elle est généralement utilisée dans les enquêtes criminelles n’a pas encore été établie”.

    En outre, une déclaration de Georgetown sur son rapport de 2022 a déclaré qu’en tant qu’outil d’enquête biométrique, la reconnaissance faciale “peut être particulièrement sujette aux erreurs résultant d’un jugement humain subjectif, de biais cognitifs, de preuves de mauvaise qualité ou manipulées et d’une technologie sous-performante” et qu’il “ne fonctionne pas assez bien pour servir de manière fiable les objectifs pour lesquels les forces de l’ordre elles-mêmes veulent l’utiliser”.

    La faible précision de la technologie de reconnaissance faciale provient de plusieurs sources, notamment des algorithmes non éprouvés, des biais dans les ensembles de données de formation, des angles de photo différents et des images de mauvaise qualité utilisées pour identifier les suspects. De plus, la structure faciale n’est pas un identifiant aussi unique que les gens le pensent, en particulier lorsqu’elle est combinée à d’autres facteurs, comme des données de mauvaise qualité.

    Ce faible taux de précision semble encore plus gênant lorsqu’il est associé à un phénomène appelé biais d’automatisation , qui est la tendance à faire confiance aux décisions des machines, malgré les preuves potentielles du contraire.

    Ces problèmes ont conduit certaines villes à interdire son utilisation , notamment San Francisco, Oakland et Boston. Reuters a rapporté en 2022, cependant, que certaines villes commençaient à repenser les interdictions de reconnaissance faciale en tant qu’outil de lutte contre la criminalité au milieu “d’une augmentation de la criminalité et d’un lobbying accru de la part des développeurs”.

    Quant à Woodruff, son expérience l’a laissée hospitalisée pour déshydratation et profondément traumatisée. Son avocat, Ivan L. Land, a souligné au Times la nécessité pour la police de mener une enquête plus approfondie après un coup de reconnaissance faciale, plutôt que de se fier uniquement à la technologie. “C’est effrayant. Je suis inquiet”, a-t-il dit. “Quelqu’un ressemble toujours à quelqu’un d’autre.”

    Source: https://arstechnica.com/information-technology/2023/08/innocent-pregnant-woman-jailed-amid-faulty-facial-recognition-trend/

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    Encore 3/4 décennies et se sera bon 🙂

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    c’est rien laisse le temps faire avec un peu de chance personne ne remontra plus le topic :smile: