@michmich a dit dans HS Eric Naulleau - Islamophobie :
Le terme “islamophobie” nous vient des mollahs iraniens, et sera ensuite repris par les frères musulmans, interdisant de fait toute critique de l’islam.
Merci pour ton message @michmich , mais je pense qu’on passe un peu à côté du vrai problème et du sujet principal.
Depuis le début, on débat de l’étymologie du mot islamophobie, ce qui est intéressant en soi, mais ce débat linguistique a pour effet ou but de détourner l’attention du tweet lui-même, qui lui, est bien réel, public, et porteur d’un mépris et d’un islamophobie clair dans le contexte d’un meurtre, je le précise.
–> Le fait que ce point de départ soit à peine mentionné mis part par @Psyckofox me met un peu mal à l’aise, comme si on normalisait ce type de propos sous prétexte qu’on n’est pas d’accord avec le mot pour la décrire.
– Après recherche, juste pour rétablir un point factuel :
L’idée selon laquelle le mot « islamophobie » aurait été inventé par les mollahs iraniens ou par les Frères musulmans pour interdire toute critique de l’islam est une thèse idéologique, popularisée par certains essayistes (souvent proches de la mouvance néo-républicaine ou identitaire), mais historiquement inexacte.
Il apparaît dès 1910 en France, chez des orientalistes comme Alain Quellien, pour désigner des préjugés coloniaux anti-musulmans. Il a ensuite été réutilisé dans les années 1990 par des chercheurs, des institutions comme la CNCDH, le Conseil de l’Europe, ou encore dans le dictionnaire Larousse, pour désigner aujourd’hui des actes ou propos hostiles envers les musulmans. Pas une simple “peur”, ni une volonté d’interdire la critique de l’islam.
Et oui, on est d’accord : critiquer une religion est un droit fondamental. Mais là, on parle d’autre chose : un tweet qui se moque cruellement d’un nom à consonance musulmane (Aboubakar), juste après une annonce d’un meurtre. Ce n’est pas une critique de dogme, c’est une pique facile, raciste et islamophobe, au sens communément admis et usage courtant du terme. C’est ce type de glissement qu’il faut interroger, plus que l’étymologie du mot en -phobie.
On peut défendre la liberté d’expression sans balayer sous le tapis ce type de contenu nauséabond.
– Et j’en viens à ta dernière phrase : « les islamistes, eux, ne jouent pas, ils tuent » :
Oui, c’est un fait. Des islamistes ont tué en France, en Europe, ailleurs. Mais ce constat dramatique ne doit pas devenir un argument pour minorer ou excuser des propos racistes ou islamophobes, comme si toute personne perçue comme musulmane était un islamiste en puissance, ou qu’il fallait toujours remettre en balance leur souffrance avec les crimes commis par d’autres. C’est une logique dangereuse, qui alimente la confusion entre critique de l’islam, lutte contre l’islamisme violent, et stigmatisation des musulmans dans leur ensemble.
Ce que fait le tweet de Naulleau, car je vais revenir au sujet principal qui m’intéresse vraiment, ce n’est pas critiquer une idéologie. Ce n’est pas lutter contre le terrorisme. C’est se moquer d’un mort en raison de son prénom, sa race et de sa religion.
On peut — et on doit — être capable de condamner les violences islamistes sans glisser dans la caricature ou le mépris de personnes musulmanes ou perçues comme telles.
Je m’arrêterais ici aussi.
Edit: Mise en forme